
Par Valentin Gendrot
Éditeur : GOUTTE DOR (03/09/2020)
EAN : 9791096906208
330 pages
Ma cote: 3 / 10
Ma chronique:
Flic, un titre bref, qui claque et sonne comme un coup de semonce, un coup de poing, un coup de feu. Un cri de justicier, de liberté et le peuple, une partie tout au moins, de se repaître de cette enquête par infiltration de l’auteur, se réclamant d’un journalisme d’investigation, dans un milieu qui devrait être de service alors qu’il n’est que violence !
C’est accrocheur. Ça donne envie, non ?
Et à la lecture, on déchante vite. Moi, en tous cas, j’ai vite allumé mes neurones de vigilance et n’ai pas accordé ma confiance à Valentin Gendrot. C’est, à la fois beaucoup trop et beaucoup trop peu. Il se réclame du journaliste allemand Günter Wallraff… mais qu’il en est loin !
Quand Günter Wallraff est traduit en français, Tête de Turc (La Découverte, 1986) se vend à plus de 500 000 exemplaires et il nous livre là un vrai travail d’investigation sur la violence et le racisme dont il a été l’objet en se faisant passer pour un immigré turc en Allemagne, lui qui est et reste un journalisme connu et reconnu dont les descriptions précises ont chamboulé bien des conseils d’administration de grosses sociétés du marché sans qu’elles puissent le prendre en défaut.
Ici, on est dans un prétendu récit vécu mais dont on ne peut vérifier aucune information, pour laquelle on a modifié les noms, les lieux, les apparences pour rendre l’auteur intouchable (Sur ce coup, les avocats dont l’éditeur parle, ont probablement bien travaillé). Mais le but recherché est-il atteint ? Il suffit de lire ce que dit l’éditeur pour comprendre qu’on a orchestré la sortie de ce livre à sensation pour faire sensation et pas pour qu’apparaisse une vérité. En faire trop, dans ce domaine, rend peu crédible l’ensemble.
Ne pas en faire assez est tout aussi décevant et suspect. Le livre parle beaucoup mais de très peu de personnes ou de cas identifiables. Quelle est l’approche sociologique de ce prétendu journaliste ? Sur quelle autres études, enquêtes s’appuie-t-il (et pourquoi alors ne pas les référencer) pour étayer sa thèse ? On sent une conclusion d’enquête prédéfinie et une vérification uniquement à charge mais n’apportant pas d’élément tangible pouvant subir la loi du contrôle et de la vérification par un tiers.
Bref, Valentin Gendrot se fait un nom, signe un chèque en blanc et n’apporte rien de plus qu’un sensationnalisme qui ne peut que nourrir ceux qui acceptent les généralisations abusives et sont prêts à tout croire, surtout si cela remet en cause un appareil de l’état. Par ailleurs, ce livre ne pourra que pousser tous ceux qui cherchent à approcher la vérité d’aller la chercher ailleurs.
Je ne suis pas français, mais la Belgique doit aussi connaître de ces moments où le dérapage n’est pas loin… mais ce n’est, cela ne peut être jamais ‘La Police, toute la Police’, ‘L’Enseignement, tous les enseignants’ … Tout au plus des individus qui n’y ont pas nécessairement leur place et/ou ont besoin d’un recadrage. Il en est de même dans toutes les professions. Celle d’enseignant que j’ai eu la chance d’avoir ne fait pas exception. C’est regrettable mais c’est humain et je souhaite toujours une formation davantage centrée sur l’humanisme que doivent dégager ces professions de service. Mais, S.V.P. pas d’amalgame nauséeux et de panier de crabes où caser tous les membres d’une profession dont aucun pays ne pourrait se passer.
Un livre qui déraisonne et ne sert que l’ego de son auteur !
Ce qu’en dit l’éditeur :
Aujourd’hui, jeudi 3 septembre 2020, paraît en librairie notre “projet secret”.
Depuis deux ans, afin de garantir sa publication, nous l’appelons ainsi entre nous. Pourquoi ? Car nous avons dû prendre certaines précautions inhabituelles : imprimer ce livre à l’étranger pour plus de discrétion, inviter les journalistes à lire le manuscrit dans le huis-clos du cabinet de notre avocat et, bien sûr, tenir notre langue.
Voici donc “Flic”, l’histoire vraie d’un journaliste qui, durant deux longues années, a infiltré la police française. Jamais personne n’avait tenté – et réussi – un tel exploit.
Que se passe-t-il derrière les murs d’un commissariat ? Pour répondre à cette question, Valentin Gendrot a mis sa vie entre parenthèses. Il a suivi la formation de l’école de police de Saint-Malo et a fini par atteindre son objectif : devenir policier dans un quartier populaire parisien.
Durant six mois, Valentin Gendrot a intégré le commissariat du 19e arrondissement de Paris. Une arme à la ceinture, le journaliste sous couverture a rejoint une brigade dont certains membres tutoient, insultent et distribuent régulièrement des coups à des jeunes hommes noirs, d’origine arabe ou migrants qu’ils surnomment “les bâtards”.
Valentin Gendrot ne cache rien. Il relate la précarité des conditions de travail, le suicide d’un collègue du commissariat survenu lors de son immersion, mais aussi les propos racistes émis par des agents de l’État, les bavures, la violence.
L’auteur raconte, en détail, comment il assiste au tabassage d’un adolescent noir par un collègue policier. Alors que le jeune homme de 16 ans a porté plainte pour violences policières, Valentin Gendrot découvre, de l’intérieur, comment ses collègues étouffent l’affaire.
Cette infiltration unique nous délivre les secrets que seuls les policiers partagent ; Valentin Gendrot nous ouvre l’antichambre où personne n’est jamais entré.
Après deux ans de discrétion forcée, nous sommes fiers de pouvoir vous présenter “Flic”.
“Flic”, Valentin Gendrot, 300 pages, 18 euros
Eh Bien, ça c’est dit !
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Et oui, à mon sens, il n’y a rien d’autre à dire sur ce livre et sa conception!
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Moi aussi, je trouve le sensationnalisme fatiguant et agaçant. Mieux vaut chercher une vérité nuancée et complexe.
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Tu as totalement raison, marre de ces enquêtes à charge sur la police. A croire qu’ils n’ont que des anges en face d’eux.. ce n’est pas du journalisme. Passe un bon weekend 🙂
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Outch, au moins c’est clair !
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