
Par Gil Pen
Edition : Librinova
ISBN : 979-10-262-8363-8
P(r)oésie
Ma cote : 7 / 10
Ma chronique :
Ce recueil poétique de textes ne respectant ni le conformisme de la métrique, ni les lois de pesanteur qui écrasent parfois l’envolée de l’esprit est un travail assez plaisant à lire. Jouant sur et avec les mots, décrivant des états d’âme et l’auteur et laissant apercevoir les maux qui ne se cachent qu’à moitié derrières ses mots, Gil Pen nous entortille l’esprit et nous entraîne hors de notre confort rituel où tout est en place pour que rien ne dérange. Lui, il aime bousculer quelque peu les choses et plus on le lit, plus on le vit! Je me suis amusé de la sonorité que peuvent prendre quelques lignes qui mêlent les sons et qui se répondent, se confortant, se confondant ou se contournant pour que le texte tienne tête à l’habituel, au raisonnable et au bien pensant. Gil Pen apparaît comme ne cherchant ni à convaincre, ni à se révéler bien pensant et droit dans le carcan de la métrique. Que du contraire, ce qui l’intéresse, c’est d’avoir bon et de faire bon sens de ces pensées qu’il enfile sur le fil de ses poèmes et nous offre tels des colliers de fleurs, délicates, éphémères et renfermant pourtant une parcelle de cette éternité que le bon sens nous amène à rechercher et à cueillir dans l’éphémère du temps, celui qui passe, nous dépasse mais jamais ne nous lasse. Sans prétention mais en souplesse, le lecteur se prend à grandir en sagesse dans ce bain de jeux de mots, d’assonances non assommantes et il goûte et savoure le juste petit bruit des mots quand ils frappent à notre porte pour mieux s’installer chez nous et raisonner dans nos têtes. Un vrai plaisir dans lequel on peut replonger facilement en ouvrant le livre au hasard et en nous confrontant à ce regard espiègle de Gil Pen sur le monde.
Ce qu’en dit l’auteur :
Insulter ce silence durable comme il insulte l’oral et la parole,
Ce silence neuvième cercle de l’enfer, traître,
Saouler le « dit » d’aujourd’hui de whisky, gin, rhum et vodka.
Les mots secrets ne sont plus sacrés,
Les mots réputés secrets sont sacrifiés,
Les mots répétés sont plus sucrés :
« Faire bon bien » comme on fait le bon pain,
C’est bien bon et me fait grand bien.
Le dire, c’est tout autre chose et encore bien meilleur…
Meilleur ? Encore ce mot que je ne demande pas…
Entre l’au-delà trop haut et l’ici-bas très las
Épelés, pelés, poémaux lus, lettres bues, écrits bruts.
La plume qui grave et se glisse légère, encrée au creux
D’un cœur de pierre, dur, sculpté dans un bloc de malheur
De chagrin marbré de veines peinées et des brisures des coups de burin
De vos colères rebelles et caresses arabesques,
La main qui écrit à l’encre ironique et bariolée,
L’artifice brut de l’artisan à la plume mal taillée pour la proésie.
J’aime bien lorsqu’on rédige un article sur un recueil de poésie. C’est un genre, il me semble, délaissé. Et pourtant!
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D’accord avec toi, Madame lit, le genre semble dépassé alors qu’il a encore toute sa raison d’être et nous aide à devenir un peu plus sensible, je crois. Dans ma bibliothèque, une étagère entière et bien fournie lui est dédié. Je m’y plonge régulièrement.
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