De Niko Tackian

Editions: Le Livre de Poche

ISBN: 978 2253 237 532

Ma cote: 6 / 10

Ma chronique:

Fantazmë, non fantasme mais spectre, en albanais, est un roman noir, très noir. Trop peut-être ? L’écriture est vive, peinture au couteau d’une époque, la nôtre, chargée de souvenirs, de haine et de soif de vengeance. L’auteur, Niko Tackian y développe une écriture scénaristique qui donne à voir plus qu’elle n’explique. Les chapitres sont nombreux, le plus souvent de quelques pages à peine. Ils assurent un découpage du récit qui précipite tout, les indices, les violences, les questions et l’éternelle équilibre entre une soif de justice, même illégale et le respect de la légalité, in fine, seul barrage envisageable face à la barbarie des tueurs. La question n’est plus tant celle du funambule sur son fil qui pèse le pour et le contre pour trouver sa stabilité. Elle est plutôt celle du déséquilibre permanent de tout qui marche et qui, à chaque pas tombe mais se rattrape in extremis en jetant la jambe en avant pour un nouveau pas qui rétablira momentanément l’équilibre et évitera la chute.

Le héros de Niko Tackian est un flic brut de décoffrage. Marqué par ses origines kurdes, on le devine bosselé de l’intérieur et on peut même comprendre que la gravité des actes posés soit relatives aux expériences antérieures, vécues comme des injustices qui crie vengeance, à tout le moins réparation. Lui est du bon côté, même border line, et il traque un gibier avec une efficience qui ne se donne pas trop le temps de réfléchir à la notion de limite. L’intention étant bonne, les moyens, tous les moyens le sont aussi !

On est dans du dur, du cassant, du sanglant et du sans pitié. Les amateurs du genre apprécieront. Ceux qui ne peuvent se passer de cultiver un brin de regard critique sur le respect ou non d’un état de droit entreront plus difficilement dans ce découpage saccadé qui empêche toute pause, tout arrêt pour réfléchir.

Le récit, bien joué de la part de l’auteur, est attachant puisqu’il intègre, outre l’existence de flics dévoués et jusqu’au boutistes, les notions de mafia, de traite des femmes, de violences et aussi de migrants. Bien inhumain le lecteur qui ne se laisserait toucher par aucun de ces sujets !

Un roman qui plaira donc à beaucoup… même s’il me laisse sur ma faim par le peu d’espace laissé aux interrogations du lecteur.

Ce qu’en dit l’éditeur:

Une nouvelle enquête du commandant Tomar Khan.
Comment être un bon flic quand les victimes sont aussi des bourreaux ?
Janvier 2017. Dans une cave du 18e arrondissement de Paris, un homme est retrouvé, battu à mort. Sur place, beaucoup d’empreintes et un ADN ne correspondant à rien dans les fichiers de police. Le commandant Tomar Khan pense à un règlement de compte. Le genre d’enquête qui restera en suspens des années, se dit-il.
Mais voilà, l’ADN relevé sur les lieux a déjà été découvert sur le corps d’un dealer albanais, battu à mort dans une cave lui aussi. Et bientôt la rumeur court dans les quartiers chauds de Paris, celle d’un tueur insaisissable, un Fantazmë, le « spectre » en albanais.
Tomar et son équipe se lancent dans l’enquête et seront très vite troublés par le parcours des victimes, qui de leur vivant cultivaient carrément le sordide. Pourtant Tomar s’accroche à son devoir de flic, d’autant plus que son avenir lui semble menacé : un lieutenant teigneux de l’IGPN, la police des polices, a convoqué son adjointe, Rhonda, pour l’interroger sur un couteau, une pièce à conviction dans une affaire de meurtre mystérieusement disparue des Archives. Or, ce couteau, c’est celui de Tomar, et si on remonte jusqu’à lui…

Un commentaire sur « Fantazmë »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s