Ce qu’en dit l’éditeur:
« Les poissons qui peuplent les océans sont innombrables, même si Pline l’ancien n’en compte que 144 variétés. Mais aucune espèce ne peut s’unir avec une autre, à la différence du cheval avec l’ânesse. Les poissons ne connaissent pas l’adultère. »
Sauter dans un train, un matin. Tout quitter. À l’aube de ses quarante ans, une femme monte dans le Corail pour Toulouse et s’installe dans le premier compartiment venu. Il a suffi d’une séance de relooking, cadeau de ses copines, pour que tout son univers s’effondre : son pavillon de banlieue, son mari, sa fille, son emploi de caissière. Pour mieux marquer le début de sa nouvelle vie, elle change de prénom : Julia, comme Julia Roberts, son actrice préférée. Chaque gare de la ligne est une étape vers la liberté. Comme par contagion, tous les passagers qu’elle croise sont eux aussi emportés : Colette, la vieille dame, amoureuse de deux hommes, Germinal Serna, le contrôleur anarchiste, le Happy Days Band, la chorale déjantée, le sourd-muet, embarqué malgré lui dans le train, l’éternel dragueur, le serveur indien… Et Vincent, spécialiste des bestiaires médiévaux, qui se rend à un colloque en compagnie de sa femme et d’un autre couple de chercheurs. « Les poissons ne connaissent pas l’adultère », écrit l’un des auteurs du Moyen Age qu’étudie Vincent. Mais les historiens peuvent-ils en dire autant ? Dans ce voyage initiatique, tout se joue entre Paris et Toulouse en 6 h 06 : Julia se bat pour se libérer peu à peu de la fatalité qui pèse sur son existence, mais pourra-t-elle en modifier le cours ?
Ma cote: 7/10
Mon avis:
Je suis heureusement tombé, en brocante, sur cette version des éditions JC Lattès avec une couverture neutre qu’on leur connaît et sans cette jaquette reprise sur la couverture du livre chez Babelio, paires de jambes qui n’ajoutent rien au récit, que du contraire !
« Les poissons ne connaissent pas l’adultère », a été, à lui seul, un titre qui m’a donné envie de tourner les pages tant, comme bien d’autres, il ne signifie rien, pas grand-chose, mais il accroche puisqu’on ne sait trop où on va.
Carl ADERHOLD signe ici son second roman (après Mort aux cons -2007). Je trouve cette histoire sans prétention, ce qui, in fine, en fait son intérêt. Julia prend le train… A défaut, pour Toulouse où elle a une cousine, mais, en fait, elle ne va pas à Toulouse, elle quitte sa vie, son petit monde étriqué et sans rêve, son boulot qui ne l’épanouit pas. Elle a la quarantaine, période difficile selon les psy-machin et les auteurs qui en font leurs choux gras. Par un concours de circonstances liées aux copines, à son mari qui boit et râle plus qu’il ne la regarde (‘Il ne s’intéresse jamais à elle. Mais quand il ne sait pas où elle est … Elle n’existe à ses yeux que par ses absences’), elle se met en absence, elle s’en va, se quitte pour tenter de se retrouver. Et tout est dit.
Julia va vivre un voyage peu commun, quasi en huis clos, dans un compartiment des chemins de fer où l’auteur, en quelques traits de plume nous campe les anti-héros de notre monde. Il y a le docte universitaire carriériste et sa femme qui accepte tout, le copain du maître, tout autant chercheur mais beaucoup moins arriviste et plombé par sa timidité et son abnégation. La femme de ce dernier est aussi nunucche que l’autre mais en beaucoup plus inquisitrice. Et puis, ci et là dans le train, il y a Dick et sa chorale, le sourd-muet, ténor de classe, Jean-Pierre le dragueur de service, quelques autres et, finalement, le bon Monsieur Loyal, le chef train qui se départira de son titre de contrôleur pour revendiquer, ô combien à juste titre, l’appellation d’agent de solidarité ferroviaire !
C’est bourré de niaiserie, de tendresse, d’un regard qu’on voudrait pouvoir porter sur le monde des transports en commun et sur les rencontres qu’il ferait bon d’y faire.
Le scénario nage dans le surréalisme fou, la fin, bien que prévisible, est digne d’une dernière image de film guimauve à passer en TV durant la trêve des confiseurs.
Ce livre ne serait qu’un bouquin … s’il n’y avait, derrière, une critique douce-amère mais assez juste des liens qui trop souvent se tissent au sein des couples, des relations professionnelles et des rencontres fortuites.
Si la vie ne devait être qu’un voyage en train, prendre celui-là ne serait pas pire que bien des destins !
Citations:
- Le vrai se dévoile presque par hasard. A notre insu.
- Le destin d’un homme tient dans sa force de caractère.
- Le destin d’un homme tient dans sa force de caractère.
A propos de l’auteur:
Historien de formation, Carl Aderhold a été éditeur et se consacre aujourd’hui à l’écriture. Il est l’auteur de plusieurs romans très remarqués, Mort aux cons (Hachette Littératures), Les poissons ne connaissent pas l’adultère, Fermeture éclair (tous deux parus chez JC Lattès)
Les références:
Éditeur : J.-C. LATTÈS (20/01/2010)