
de Frank Andriat
ISBN : 978 2501 121 856
Éditeur : MARABOUT
Ma cote: 7 / 10
Mon avis:
« Le bonheur est une valise légère ». Rien que pour ce titre, ce roman de Frank ANDRIAT vaut la peine d’être pris en main.
Selma, jeune employée dynamique se donne entièrement à son métier. Il lui faut conquérir les clients, les marchés, se donner corps et âme pour le patron au nom des grands Saints Marketting, Coaching, Mental training et autres dépeceurs d’humanité. Dans cette religion, Selma est active, pratiquante, efficace. Son temps, elle ne le consacre qu’aux lectures utiles (ceux écrits à la gloire des saints précités) et à ses activités professionnelles. Elle se vend à son patron et à ses clients, elle se vampirise dans l’oubli d’elle-même et la perte des contacts vrais qu’elle n’a plus ni avec ses parents, ni avec son compagnon Rodrigue.
Alors, le lecteur peut imaginer le cataclysme déclencheur que provoque en elle une grève des conducteurs de TGV! Elle ne peut s’asseoir à une place pourtant réservée, doit attendre un TGV suivant, revoir sa gestion d’agenda, ronger son frein devant une telle perte de temps et en vouloir au monde entier qui l’empêche, elle, d’être cette performante bussineswoman qu’elle a pleinement conscience d’être. Résultat ? Selma n’en peut plus, elle se disloque, s’anéantit… Burn-out !
Selma, la rage au coeur et le sarcasme au bout des lèvres va s’asseoir sur un siège qui n’est pas le sien et vivre ce trajet TGV en présence d’un vieux monsieur directeur commercial d’une maison d’éditions parisienne, Grégoire !
« Grégoire-Le Sage » voilà une rencontre qui va chambouler sa vie et permettre à Selma de se reconstruire !
Je me suis demandé à qui se livre était adressé ? On connaît Frank ANDRIAT et sa littérature pour la jeunesse (La remplaçante, l’amour à boire, je voudr@is que tu …). Son écriture, fluide, très lisible, est habillée de traits caricaturaux parfois mais, dans l’ensemble, sonne souvent juste. Alors cette légèreté de valise qu’il faut se donner, le désencombrement que cela impose dans nos vies, sont-ce là un message adressé aux jeunes loups qui se déshumanisent dans la course folle à la suprématie du rendement ? Ou bien le message est-il adressé aux parents qui font ce qu’ils peuvent, avec bonheur et maladresse, pour pousser, tirer, accompagner, protéger et faire grandir leurs enfants, adolescents et jeunes adultes ? Ou encore la cible est-elle ces « Papy Grégoire » qui mesurent mieux – peut-être – la richesse d’une vie allégée et ont encore la possibilité de transmettre un reliquat d’humanité aux générations suivantes ? Frank ANDRIAT, s’adressant à tous, risque de n’apparaître percutant pour aucun. Ce serait dommage, car ce livre est avant tout un livre de sagesse, un livre d’accueil du temps présent, un livre de confiance en l’être qui peut, certes, s’égarer parfois mais peut tout autant se retrouver et découvrir les autres.
Ce qu’en dit l’éditeur:
Souvent, il suffirait d’un signe pour que nous trouvions notre chemin : un regard, une main tendue, un sourire. Selma a réussi dans la vie mais elle n’est pas heureuse. Placer le faire avant l’être l’a perdue. Un jour, elle rencontre un homme paisible dans un train, quelqu’un qui lit Christian Bobin et qui, comme elle, adore Jean-Jacques Goldman. Au fil du temps, il lui apprend que le bonheur est une valise légère et que la vie qu’on accueille apporte plus de joie que celle qu’on maîtrise. Dans ce roman à la fois simple et profond, écrit d’une plume alerte et sensible, Frank Andriat invite les lecteurs à réfléchir à leurs limites, au bonheur à côté duquel ils passent en en voulant toujours trop, à ce que notre mode de vie nous enlève en exigeant chaque fois plus de nous, et les conduit, par petites touches, vers une vision plus sereine de la vie.