De Svetlana Alexievitch


Traducteurs: Galia Ackerman et Paul Lequesne

ISBN : 978 2290 344 516

Éditeur : J’AI LU (02/03/2005)

Ma cote: 8 / 10

Mon avis:

‘La guerre n’a pas un visage de femme’ est un livre peu ordinaire. Il est signé, en 1985, par Svetlana ALEXIEVITCH, une auteure Biélorusse et fait partie de ses ‘romans à voix’, symphonies qui mêlent les témoignages les plus terribles et les plus intimes sur les tragédies du siècle soviétique. (Michel Eltchaninoff) Traduit en français en 2004, il a été édité aux Presses de la Renaissance.
Le pari tenu, dans ce livre est de donner la parole aux femmes russes pour leur permettre de raconter leur guerre contre Hitler, contre les allemands. Et quelle guerre! Une guerre où les femmes ont pris des places fortes au sein des combats contre les nazis. Une guerre où elles ont été infirmières, lavandières, cuisinières, … mais aussi pilotes, tireuses d’élite, chefs de brigade des sapeurs, espionnes, et j’en passe. Rien n’était prévu pour elles dans l’armée russe, elles étaient partout!
La force de Svetlana ALEXIEVITCH est d’avoir pu marier le tragique, le banal, le drôle, le cosmétique de ces témoignages avec sa volonté d’écrire ‘l’histoire des âmes’. Toujours, à la relation des faits, sans les trahir, l’auteure cherche à coupler une recherche de sens sur l’humain, même quand celui-ci semble perdre toute humanité dans la bestialité de la guerre. Un livre témoignage remarquable!
Un livre qui remet à sa vraie place la femme russe des années de guerre, homme soldat et néanmoins femme. Un livre qui remet à leurs vraies places les actes de bravoure de tant de russes, morts au front ou choqués à vie ; russes qui, eux aussi ont participé à la défaite de Hitler, bien que L Histoire trop souvent retenue par le commun des mortels semble se limiter à l’intervention salvatrice du débarquement américain. Enfin un livre qui donne aux témoignages la place centrale, les commentaires et l’analyse de l’auteure ne servant qu’à mettre du lien, du sens et à nous interroger à sa suite. ‘J’ai toujours été curieuse de savoir combien il y avait d’humain en l’homme, et comment l’homme pouvait défendre cette humanité en lui’ (Svetlana ALEXIEVITCH)
Alors, c’est vrai, la forme choisie par l’auteure paraît parfois un peu lourde, redondante pour le lecteur de notre vieille Europe. On a l’impression qu’elle aurait pu dire autant avec moins de témoignages qui semblent se répéter sans rien apporter de vraiment neuf. Cela, ne l’oublions pas, aurait été une trahison du pari de l’auteure. Elle ne veut pas parler à la place des femmes, elle veut leur donner la parole. Son choix littéraire est donc cohérent avec son objectif d’écriture.
Un livre qui n’est pas facile à lire … mais qui en dit tant sur l’humain!

Ce qu’en dit l’éditeur:

La Seconde Guerre mondiale ne cessera jamais de se révéler dans toute son horreur. Derrière les faits d’armes, les atrocités du champ de bataille et les crimes monstrueux perpétrés à l’encontre des civils, se cache une autre réalité. Celle de milliers de femmes russes envoyées au front pour combattre l’ennemi nazi. Svetlana Alexievitch a consacré sept années de sa vie à recueillir des témoignages de femmes dont beaucoup étaient à l’époque à peine sorties de l’enfance.
Après les premiers sentiments d’exaltation, on assiste, ou fil des récits, à un changement de ton radical, lorsque arrive l’épreuve fatidique du combat, accompagnée de son lot d’interrogations, de déchirements et de souffrances. Délaissant le silence dans lequel nombre d’entre elles ont trouvé refuge, ces femmes osent enfin formuler la guerre telle qu’elles l’ont vécue. Un recueil bouleversant des témoignages poignants.

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