
Raymond Delattre
EAN : 9791026284437
Éditeur : LIBRINOVA (30/11/-1)
Ma cote: 6/10
Ma chronique:
Les gardiens des forêts d’Amazonie est un titre qui convient parfaitement au contenu de ce recueil d’informations compilées par Raymond Delattre. Assurément, il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Je pense plutôt que l’erreur vient du choix de la cible. Quel sont les lecteurs qui se montreront intéressés par un listing élargi des différentes peuplades ou tribus qui peuplent la forêt amazonienne et qui ont besoin d’elle et de sa conservation à l’état naturel pour assurer leur subsistance et leurs traditions? Indépendament des tribus et de leurs spécificités, c’est l’ensemble des habitants de souche de la forêt qui ont besoin qu’on arrête de rogner leurs territoires, de les parquer dans des réserves et qu’on nie, de plus en plus, la sagesse avec laquelle ils ont tiré parti de la forêt sans l’appauvrir ou la détruire. Peu importe leur tribu d’origine, peu ou prou, ils participent tous au même combat, un combat légitime pour lequel le citoyen du monde doit se mobiliser pour le rendre défendable. Ici, avec ce livre, très instruit, on a l’impression que Raymond Delattre nous écrit un article encyclopédique pour permettre à qui en aurait besoin de rechercher de l’information sur les différentes tribus. A mon sens, les lecteurs seront assoiffés de renseignements supplémentaires et différentiels sur ces tribus lorsqu’ils auront été saisis par l’urgence de reconnaître ces terres et ces peuplades comme un patrimoine de l’humanité à respecter, écouté et à imiter pour leur sagesse et leur bonne compréhension de la richesse qu’est la Terre. Une richesse à entretenir, une richesse dont se nourrir et surtout un patrimoine à transmettre aux suivants, nos enfants et petits-enfants. Le récit de l’auteur, tout cultivé et informatique qu’il est, ne développe pas, à mon sens, un sentiment d’urgence et de mobilisation pour sauver notre terre. Tout au plus développe-t-il des connaissances livresque sur la question ethnique. Si tel est le projet de l’auteur, je n’ai rien à reprocher à ce livre. Si le projet était une mobilisation utile de l’opinion publique sur la question de la survie des forêts amazoniennes et des tribus qui les gèrent, les propos de l’auteur mériteraient une réorganisation dans leur contenu et leur capacité à toucher l’âme du lecteur. C’est en cela que le livre proposé me paraît décalé, il n’atteint pas le but qu’il aurait pu s’assigner. Bien que documentés et engagés, les propos de l’auteur reflètent plus son travail d’investigation que les conclusions qu’il peut en tirer. Le lecteur qui ouvrira ce livre pour en connaître davantage sur la problématique de la survie des forêts amazoniennes en sortira déçus. Il connaitra la carte civiles des acteurs, les différentes tribus, mais se trouvera devant un registre de nécessités à atteindre et de moyens à mettre en oeuvre bien superficiel. Dommage!
Ce qu’en dit l’éditeur:
Il est beaucoup question de l’Amazonie ces temps-ci. Mais que connaît le grand public des nombreux peuples très anciennement autochtones qui l’habitent ? C’est eux que je présente un à un dans mon livre. Ils sont qualifiés à juste titre de « gardiens de la forêt », car ils tirent de celle-ci l’essentiel de leurs ressources et ils sont donc nécessairement et sentimentalement ennemis de la déforestation. Cet « enfer vert » pour l’homme blanc est leur « vert paradis ». Ils reçoivent l’appui de tous ceux qui, par le monde, se passionnent pour la survie de la nature sauvage et pour la défense des forêts tropicales. Un dur combat à mener, d’autant plus que les tribus amérindiennes sont souvent très pauvres et ne peuvent guère compter sur des appuis politiques dans leur pays, contrairement aux sociétés industrielles extractivistes des ressources naturelles qui envahissent progressivement leur territoire. Celui-ci est pourtant le plus souvent officiellement « protégé », mais la justice met beaucoup de temps à donner une quelconque suite à des plaintes indigènes.
Pourtant, le sujet est fort intéressant… Comme quoi, ce n’est pas facile de vulgariser de l’information.
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En accord total avec toi, Madame lit. Le sujet est important et il faut le vulgariser. Mais l’angle d’attaque m’est apparu rébarbatif et susceptible de décourager des lecteurs de s’interroger sur la gestion humaine et écologique de ces contrées.
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Article intéressant. L’ethnologie et l’écologie ne sont pas la même chose, effectivement. Classer les tribus et classer les arbres, c’est un peu différent.
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J’ai reçu un intéressant message de l’auteur (que je vous livre ici) et je lui ai répondu. Comme quoi, il n’est pas toujours facile de comprendre un livre et je peux passer à côté, en partie cette fois, de l’intention de l’auteur. Quoi qu’il en soit, respect total pour un dialogue engagé dans le respect de l’autre.
L’auteur me disait:
« Je ne suis pas militant. J’étudie l’histoire des peuples du monde entier et je la présente brièvement. Notamment l’histoire des peuples premiers d’Europe qui ont disparu à l’époque de l’empire romain ou au moyen-âge. Vous me faites ici « un procès d’intention » en croyant que mon but est de sauver la planète alors que mon intention est simplement de présenter ces tribus de manière historique. Car elles ont été maltraitées par les Européens et leurs descendants déjà à l’époque des conquistadors, peu après la découverte de ce monde. Désolé de vous décevoir mais je ne me présente pas comme le sauveur de ces peuples, je me contente de les présenter eux-mêmes. »
Je lui ai répondu:
@raydel: Je vous présente donc toutes mes excuses et vous assure que, de ma part, s’il y a eu incompréhension, il n’y a pas, en aucune façon, procès d’intention. Dans mes propos, j’ai bien reconnu, je crois, l’érudition qui était la vôtre et la présentation de ces différentes tribus. Je me suis, c’est vrai, posé la question de la cible de vos lecteurs et je n’ai pas saisi votre volonté de présenter ces tribus à elles-mêmes. But louable d’autant que, vous le signalez dans votre commentaire, ces tribus ont été malmenées (et c’est peu dire !) par les colonisations. Gageons que d’autres lecteurs comprendront mieux et plus vite que moi l’engagement de vérité historique que vous poursuivez à travers vos recherches sérieuses sur les peuples du Monde. Et, encore une fois, Raymond Delattre, acceptez mes excuses d’être, pour partie, passé à côté de votre intention d’auteur. La lecture-miroir opérée par moi n’était pas réglée sur la même focale que vous, ce qui n’enlève rien à la solidité de vos propos. Je me permets de déposer votre commentaire et ma réponse sur mon site ( frconstant.com ) pour la mise au point que votre travail mérite et je relève ma cote après cette nouvelle compréhension de votre livre Les gardiens des forêts d’Amazonie.
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Il est beau cet échange avec l’auteur. Un livre certainement passionnant pour son côté l’ethnologique mais tu aurais souhaité qu’il propose des solutions pour sauvegarder ce patrimoine. En tout cas ton texte est vraiment beau. Merci pour ce partage tout en sincérité 🙂
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Merci Frédéric pour ton appréciation. Je trouve aussi très agréable de pouvoir échanger et affiner mon point de vue sur la production de l’auteur. Quand le ton n’est ni à l’argutie, ni à l’agressivité et au manque de respect, les échanges enrichissent tout le monde. Cela a été le cas avec Raymond Delattre, l’auteur, devenu, depuis, un ami sur Babelio. Chouette, non?
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