
De François Wautelet
EAN : 9782808312295
Nouvelles
192 pages
Ma cote : 9/10
Ma chronique :
L’écriture de nouvelles est un genre littéraire qui retrouve ses lettres de noblesse actuellement. Est-ce un signe des temps ? Et si oui, que nous dit-il de nous-mêmes ? Avons-nous besoin de récits courts, vite entamés, vite terminés ? L’entrée dans la complexité des personnages, du rythme d’un roman, de ses aller-retours dans le temps est-il en contradiction avec notre souci de la performance, du résultat immédiat, de la recherche de l’instantané révélateur ? A chacun de répondre. Pour ma part, je prends beaucoup de plaisir à suivre des romanciers dans leurs constructions complexes comme je prends du plaisir à surfer sur un récit ne me présentant que quelques personnages, un nombre limité d’actions, d’espace-temps et de lieux et, toujours, une fin impromptue, parfois abrupte, surréaliste ou décalée ou d’un humour de bon aloi. Et cet art de la nouvelle, François Wautelet l’explore avec succès. Nouvelliste et comédien, ce liégeois d’origine a planté son cœur dans nos Ardennes. Et, c’est certain, la pétillance principautaire de Liège et la sagesse d’une vie au creux de la nature lui réussissent bien.
Son recueil bagages inconnus, édité en février 2021 par Le livre en papier, est des plus agréable à lire. Le lecteur est entraîné dans un tourbillon d’éclats de vie, de situations où il se reconnaît peu ou prou mais qu’il déguste avec bonheur.
La condition suspensive de Tante Fanny est désopilante si ce n’était la violence commise par des parents envers leur enfant qui ne peut se chercher. Et que recherche donc ce mélomane en auditionnant autant de fois la Nocturne Op. 9, n° 2 de Chopin. Et pourquoi s’arrêter à l’avant-dernière mesure ? Peut-on encore boire des cafés serrés de nos jours… et se parler ? Peut-on se passionner pour des ventes aux enchères de bagages perdus, oubliés dans les aéroports ? Et quand on l’ouvre, comment bascule notre vie ? Cette nouvelle, bagage inconnu qui, au pluriel donnera son titre au recueil, décrit à souhait le style d’écriture et l’état d’âme de l’auteur :
« Entre ces pages que je feuillette, c’est mon âme de vingt ans qui se réveille. Volage. Infiniment légère. Et qui, un instant, hésite en me voyant. Est-ce bien lui ? Et qui finit par se précipiter dans ma poitrine pour reprendre sa place. Je suis prêt. Je peux reprendre ma vie là où je l’ai laissée. »
On est au cœur du genre. Des flashs, des chutes, des questions qui naissent quant à ce qu’on vient de lire. Simple, efficace, traitant de sujets quotidiens, parfois de questions profondes comme la liberté, la vieillesse, le manque d’ouverture à l’imprévu… Mais toujours abordées avec la légèreté d’une plume amoureuse de la vie et guettant l’inattendu ou le retour des rêves enfouis.
Pas si simple d’écrire des nouvelles ! Mais tellement plaisantes à lire. Bon vent à ce recueil ! Je lui souhaite de beaux voyages dans vos bibliothèques et surtout dans vos cœurs !
Ce qu’en dit l’éditeur :
« Au centre du bric-à-brac émerge un carnet. Et une écriture. Immature. Empressée par d’autres choses bien plus ardentes à accomplir. Des phrases soulignées au feutre ressortent par endroits. « Il n’y a que le premier pas qui coûte ». Des phrases poétiques ou incongrues, glanées çà et là, au hasard de mes découvertes. « Il ne faut pas s’embarquer sans biscuit ». Cela me fait rire. Entre ces pages que je feuillette, c’est mon âme de vingt ans qui se réveille. Volage. Infiniment légère. Et qui, un instant, hésite en me voyant. Est-ce bien lui ? Et qui finit par se précipiter dans ma poitrine pour retrouver sa place. Je suis prêt. Je peux reprendre ma vie là où je l’ai laissée. »
Encore un roman tentant, tellement ta chronique est enlevée !
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