
De Sophie Delassein
Editions : Seuil (mars 2021)
Roman
EAN : 9782021469455
186 pages
Couverture : Virginie Perrolaz (d’après Maroznc/getty Images)
Ma cote : 7/10
Ma chronique :
Le Dernier Testament de Maurice Finkelstein est « une autofiction, une biographie foireuse » dira de son premier roman Sophie Delassein lors d’une rencontre vidéo (Covid oblige) organisée par Babelio et une masse critique dont j’ai pu bénéficier.
Autofiction, sans nul doute. L’autrice se met en scène et place aussi sous les projecteurs ses proches, sa famille à peine déguisée et protégées, selon elle, par l’humour noir qui est un gage d’amour au sein de son milieu rigide et déjanté (Tous des Ouf ! dira-t-elle d’eux). Assez d’accord avec elle, on ne moque que ceux qu’on aime, les autres, on les méprise, les détruit ou les ignore !
Foireuse aussi cette évocation d’une famille confrontée à la fin de vie d’un vieux ‘mon oncle’ et de son épouse qui ont su faire régner sur le clan la promesse d’un héritage à mériter et n’ont pas été fichu de s’assurer une descendance pour les prendre en charge à leurs vieux jours ! Foireuse par un humour pas toujours digne et respectueux des personnages, l’usage d’un vocabulaire inutilement grossier, voire même une mise en page qui abuse du dialogue en style direct et qui, DE PLUS, L’ECRIT EN MAJUSCULES, HISTOIRE DE BIEN INSISTER AU CAS Où ces abrutis de lecteurs n’auraient pas bien compris ! Sur ce coup, pas vraiment en accord avec la plume de l’autrice. Cet aspect relève, selon moi, d’une agressivité latente dont je me serais bien passé.
Mais voilà, on le sait, derrière l’humour et l’exagération se cachent souvent la pudeur et les blessures personnelles qui ont besoin d’être dites sans qu’on ne sache trop comment elles seront perçues. Et c’est bien là que le livre devient touchant, qu’il remplit sa pleine fonction de lien avec la vie, celle de tout un chacun.
C’est que Sophie Delassein a dû affronter la vie, la vraie, celle qui se termine. Entre avoir un oncle riche bien qu’un peu autoritaire et casse-pieds et s’occuper d’un être fêlé par Alzheimer qui se meurt dans un hôpital de la côte d’azur, à l’autre bout du monde de Paris, il y a un fossé que tentent de combler la mise en EHPAD dans la rue voisine et la prise sous tutelle par l’autrice. Un grand plongeon dans la réalité morbide de nos centres de vacances pour vieux où la première des vacances est celle de l’autonomie et du droit de décider de sa vie, de ses actions et, tout simplement, du quotidien. Car dans nos EPHAD, de gentils organisateurs, financiers aussi, ont tout pensé et orchestré pour que nos vieux puissent ne plus penser à rien … eux qui, justement, ont tellement de choses à penser sans plus en avoir vraiment le temps !
Avec humour, on l’aura compris, Sophie Delassein nous conte la découverte de ce nouveau monde. Le roman qui, explique l’autrice, est en fait une nouvelle qui s’est emballée et pour laquelle elle s’est sentie saisie d’une folle envie de raconter ce quotidien en assurant la distanciation nécessaire par le biais d’une fiction où tout ce qui est dit lui est arrivé. Cela donne un bon roman, un bon temps à prendre pour en rire … pour autant qu’on prenne aussi le temps d’y réfléchir. Qu’est-ce que la famille ? Que faire des promesses qu’on y fait ? Quel est l’avenir qu’on projette, pour nous, les autres ? Est-ce que tout cela sera vivable ? Sans humour, non ! Pour le reste, à chacun de construire ce qui, à ses yeux, est le meilleur rêve d’à-venir qu’il peut concevoir.
Merci à Babelio pour cette Masse Critique, aux éditions du Seuil et à l’autrice pour ce témoignage à propos de la genèse de son livre.
Ce qu’en dit l’éditeur :
Maurice et Gisèle Finkelstein sont très vieux, très riches et ils n’ont pas d’enfant. Toute la famille s’impatiente en attendant la grande kermesse finale chez le notaire. « Ils vont bien finir par mourir », se dit souvent Sophie Delassein, alias Sophinette, journaliste à L’Obs et nièce préférée du couple, en pole position sur le testament des octogénaires.
Elle fait moins la maligne à l’été 2019, quand elle découvre que son oncle se meurt dans un hôpital de la Côte d’Azur. Elle pourrait laisser filer, elle décide de le sauver en se souvenant du jour où Maurice lui avait fait promettre de s’occuper de lui et de sa femme en cas de problème. Et là, gros problème il y a. En les plaçant dans un EHPAD près de chez elle, la journaliste chanson fait une entrée fracassante dans le monde de la gériatrie qu’elle observe en pissant de rire – sûrement pour ne pas pleurer.
Le Dernier Testament de Maurice Finkelstein est une tragi-comédie dont les mots-clefs sont : famille, bas de contention, vautour, ta gueule, héritage, jambes entières/maillot/aisselles, aide-soignante, Covid-19, Céline Dion.
Née en 1968 et néanmoins toujours canon, journaliste au service culturel de L’Obs, Sophie Delassein est auteure d’une dizaine de livres, dont Rappelle-toi, Barbara, Aimez-vous Sagan… ou La vie avec Moustaki. Le Dernier Testament de Maurice Finkelstein est son premier roman et sans doute pas le dernier.
En général j’aime beaucoup les autofictions et celle ci a l’air amusante, et peut être aussi grinçante si je comprends bien.
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Est-ce à dire que tu étais présent à la rencontre virtuelle d’hier soir ? Ma chronique en ligne dans la journée. Plus mitigée que la tienne, très bien écrite comme d’habitude.
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Intéressant! La couverture en tous les cas est bien jolie.
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