André Malraux

EAN : 9780394309750

Éditeur : GALLIMARD (30/11/-1)

Goncourt 1933

Ma cote : 3/10

Ma chronique :

Quel donc était le pouvoir de Malraux pour, à ce point, fasciner et façonner l’esprit du public découvrant son analyse de la ‘Condition humaine’ ? Certes, Malraux a développé une écriture descriptive capable de faire vivre ce qu’il prétend nous faire découvrir. Mais, champion de la complexité, pour le commun des mortels, sa vision rigoriste de l’homme qui ne peut exister qu’en sublimant une cause qui le détruira est, à mon sens un non-sens de la condition humaine. La lutte des communistes chinois qui seront appelés à suivre le dictat du communisme soviétique et d’aller droit à leur perte n’est pas, à mes yeux, une promotion de la condition humaine et certainement pas de sa dignité.

Si la condition humaine est de souffrir pour devenir un homme, si hors de la souffrance il n’y a pas d’existence profonde de l’être, à quoi bon vivre ?

Malraux, qui ne cachait pas son parti pris pour le monde communiste d’alors, curieusement développe la même doctrine de la méritocratie qu’utilisait l’Eglise pour justifier la souffrance, digne chemin d’accès pour mériter d’être sauvé. Est-ce là la condition humaine ? Je ne peux, ni ne veux l’accepter. L’Homme est bien au-dessus de ce devoir de souffrance.

Cinquante ans après avoir dû lire ce bouquin pour un professeur de français qui aimait se laisser croire de gauche, j’éprouve, à sa relecture, le même dégoût pour l’œuvre. Je n’accepte pas une telle finalité pour l’Homme et la violence bestiale de tous les régimes, tous axes confondus, qui utilisent les hommes comme des armes de combat qui, une fois la lutte terminée, se transforment eux-mêmes en armes d’autodestruction massive.   

Relire ce Goncourt 1933 est inutile. Il ne nous apporte pas une compréhension claire de la situation de l’époque tant Malraux y multiplie les métaphores, les raccourcis et les sous-entendus.

En réduisant l’homme à la violence dont il doit faire preuve pour advenir, il ne nous offre pas une alternative positive à la création de notre condition humaine.

Ce livre est devenu plus que poussiéreux. Qu’il retourne à la poussière !

Ce qu’en dit l’éditeur :

Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ? L’angoisse lui tordait l’estomac ; il connaissait sa propre fermeté, mais n’était capable, en cet instant, que d’y songer avec hébétude, fasciné par ce tas de mousseline blanche qui tombait du plafond sur un corps moins visible qu’une ombre, et d’ou sortait seulement ce pied à demi incliné par le sommeil, vivant quand même – de la chair d’homme.

« Si toute condition humaine n’est pas renfermée dans ces pages, du moins est-il certain qu’elle ne cesse pas d’y être en question, et si tragiquement, si profondément que le livre se trouve encore accordé par ses accents aux peines les plus lourdes et aux plus grandes souffrances. C’est un sûr gage de son exceptionnelle valeur. […] La plus grande beauté du livre – et je ne dis rien de l’intensité de certaines descriptions ou de certaines scènes qui appellent l’image de reproduction cinématographique – est dans quelques conversations terriblement lucides au cours desquelles les personnages, haussés au-dessus d’eux-mêmes par l’événement, livrent tout leur secret. C’est là qu’il faut chercher l’esprit de l’oeuvre, la définition qu’on peut tirer de notre condition.

Nous sommes seuls, d’une solitude que rien ne peut guérir, contre laquelle nous ne cessons pas de lutter. » Jean Guéhenno.

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