de Mechtild Borrmann
EAN : 9782253092902
288 pages
Éditeur : LE LIVRE DE POCHE (04/01/2017)

Ma cote: 8 / 10

J’ai lu ce livre dans le cadre des pages de langues allemandes que Madame lit a relayer sur son blog. La suivant chez elle pour son défi littéraire, je l’ai également suivie jusqu’au site etsionbouquinait.com à l’origine de ce challenge.

Ma chronique:

Vider la maison familiale après le décès du Père, c’est, pour Robert Lubisch, ressentir la nécessité de remonter le temps et s’enfouir dans l’angoisse, la peur de la découverte d’une vie qui lui était inconnue. L’envie de comprendre, de cerner ce père avec lequel il a quelques contentieux n’est pour lui déplaire. * »Peut-être allait-il enfin découvrir une faiblesse, une faille à ce modèle si parfait auquel il avait été confronté pendant tant d’années. » *
Par hasard, il a trouvé, dans les papiers de ce père, riche industriel s’étant bâti une fortune dans l’industrie d’après-guerre, une carte d’identité SS au nom d’un inconnu et la photographie d’une très belle femme qui n’est pas sa mère. Pourquoi? Son père, cet homme parfait, lisse et bienfaiteur honorable avait-il un passé, une part d’ombre à cacher?
Et Mechtild BORREMANN de nous embarquer dans une enquête ouverte par le fils, relayée par une journaliste et finalement menée par le Brigadier-chef de police Karl van den Boom. Ce Karl en est sûr, dans la vie, il faut se hâter lentement. L’efficience réside dans la capacité à placer le temps et les faits en pause pour écouter ce qu’ils ont à dire plutôt que de fournir des réponses précipitées à des questions non encore formulées. Toute une philosophie, un art de vivre!
Sous la belle plume de Mechtild BORREMANN à qui on doit aussi ‘Le Violoniste’ et sans précipitation, on suit ce récit, plus une quête de vérité et de libération qu’une enquête policière.
Les personnages, Thérèse, Wilhelm, Leonard, Jacob et les autres ont tous la vingtaine au début de la seconde guerre. Ils ont la fougue, la richesse et la faiblesse de ces jeunes croyant l’amitié durable, prêts à se jurer fidélité et n’imaginant pas combien les peurs, la jalousie, l’amour ou la recherche de pouvoir vont les désunir dans ce temps de choix d’appartenance – ou non – au régime totalitaire de cette Allemagne nazie partant en guerre.
Bien de sujets sont ici abordés comme des faits de vie, des existences qui s’enferment ou se libèrent dans le quotidien non banal de l’époque. Ce roman devient un carrefour où se croisent les petites histoires dans la grande Histoire, les vies sociales tricotées et détricotées par les idées politiquement correctes qui évoluent selon les phases du conflit, les amours admises ou non, les adhésions aux insignes du pouvoir et les compromissions qui en découlent, la résistance et le devoir de désobéissance à l’Ordre, les trahisons, la délation, la soif de vengeance, le besoin de fuir et la difficulté d’assumer le passé et de le maintenir sous le boisseau.
Loin du suspense d’un thriller, l’auteure Mechtild BORREMANN nous plonge au coeur d’une humanité rurale en guerre. Où est le bien? le mal? le juste, l’acceptable, l’Humain?
Ce sera au lecteur de s’en faire une idée et, peut-être, comme le brigadier-chef Karl, de trouver en lui la sagesse de ‘pauser’ le temps et les faits pour en comprendre les dynamiques avant de juger.

Ce qu’en dit l’éditeur:

En 1997, Robert Lubisch vide la villa familiale à la suite du décès de son père, un riche industriel qui a fait fortune dans les années d’après-guerre.
Parmi ses papiers, il trouve une carte d’identité SS au nom d’un inconnu et la photographie d’une très belle femme.
Quel est le rapport avec son père ? Lui, l’homme si parfait, si lisse, avait-il des secrets à cacher ? Il essaie d’en savoir plus et fait la connaissance d’une journaliste, qui flaire un gros coup.
Robert sent qu’il a réveillé un démon assoupi depuis la guerre et que l’histoire de son père est bien plus trouble qu’il l’a toujours pensé…

A propos de l’autrice:

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Cologne , 1960
Biographie :

Mechtild Borrmann est née en 1960. Elle vit à Bielefeld, dans le Rhin inférieur.

Après une formation en thérapie par la danse et le théâtre, elle s’est lancée dans la restauration. Elle se consacre désormais à l’écriture.

Ses cinq livres publiés en Allemagne ont été salués par la critique. « Rompre le silence », son premier roman traduit en français paru aux Éditions du Masque en 2013, a obtenu le prix du meilleur roman policier en Allemagne (Deutscher Krimipreis, 2012).

Elle obtient le Grand prix de lectrices de Elle pour « Le Violoniste ».

L’envers de l’espoir est paru en 2016 aux Éditions Le Masque.

Source : Editeur

4 commentaires sur « Rompre le silence »

  1. J’ai eu le même ressenti en lisant « Le violoniste ». Même si le livre est classé en littérature policière, le rythme de l’intrigue et la richesse des thèmes évoqués le font à mon sens déborder de ce cadre au sens strict. Merci pour cette recommendation ainsi que pour la participation aux Feuilles Allemandes !

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