
Les références:
Les déraisons (janvier 2019)
Odille d’Oultremont
ISBN: 9782264 073587
Edition: 10-18
https://www.lisez.com/livre-de-poche/les-deraisons/9782264073587
Ma cote: 8 / 10
Ce qu’en dit l’éditeur:
La vie d’Adrien et de Louise est un chaos enchanteur. Méritant et réservé, il travaille pour assurer leur quotidien. Ouvrière qualifiée de l’imaginaire, elle désaxe la réalité pour illuminer leur ordinaire. Leur équilibre amoureux est bouleversé le jour où l’agenda stratégique de l’employeur d’Adrien coïncide avec la découverte de tumeurs dans les poumons de sa femme.Pendant que les médecins mettent en place un protocole que Louise s’amuse à triturer dans tous les sens, l’employé modèle est exilé par un plan social aux confins d’un couloir.Sidéré, Adrien choisit pour la première fois de désobéir?: il déserte son bureau vide pour se dévouer tout entier à Louise, qui, jour après jour, perd de l’altitude. Mais peut-on vraiment larguer les amarres et disparaître ainsi sans prévenir ? Et les frasques les plus poétiques peuvent-elles tromper la mélancolie, la maladie et finalement la mort?? Odile d’Oultremont est scénariste et réalisatrice. Les Déraisons est son premier roman.
Mon billet:
Avec « Les déraisons », Odile d’Oultremont signe un premier roman tendre, farfelu, profondément humain et surnaturel. C’est la rencontre de deux destinées. Celle de Louise qui ne se battra pas contre son cancer, elle se battra seulement pour vivre. Et celle de Adrien, un déclassé de l’Entreprise, relégué aux oubliettes qui abandonnera la routine au bénéfice d’une déraison pourvoyeuse de sagesse.
La maladie, la perte d’un emploi… Deux thèmes lourds, bien présents dans tant de quotidiens. Louise et Adrien les traversent et les transcendent, funambules marchant l’un vers l’autre, l’un pour l’autre sur le fil invisible de la vie au-delà de l’apparence de l’être.
Superbe écriture, truffée de regards décalés. Invitation à interroger les faux-fuyants de nos quotidiens.
Un livre à découvrir sans autre raison que celle de pouvoir marcher hors des sentiers battus.
Citations
- A l’état pur, la déraison maintient en équilibre sur un fil invisible . Mieux, elle devient une arme d’une puissance inouïe .
- Même si je le voulais, je ne saurais pas où aller chercher les larmes. Je pleure pour les autres. Pour moi, j’invente.
- -Allez… lui souffla-t-elle. Vois ça comme un truc nouveau qui nous arrive. Un truc? – Louise rit encore. Malgré le marasme absolu, le désastre annoncé, elle parvenait à troubler la surface affligée de l’existence. – C’est pas un « truc », Louise, c’est pas un « truc ». – C’est quoi, alors? Un drame? ça changerait quoi de dire « drame » plutôt que « truc »?
- Seule avec son fouillis, à la longue, elle ne tiendrait pas.
Il lui fallait quelqu’un qui sache accueillir son désordre, le reconnaître, l ‘apprivoiser et, par la même, lui donner corps. La mission d’Adrien était de recevoir la grosse balle disloquée et fringante qu’elle lui avait lancée le jour de leur rencontre. - Elle avait déplacé le centre de gravité des événements, leur avait ôté leur foutu côté obscur. Ne restaient que des bulles de savon sur lesquelles elle soufflait avec une puérilité assumée. Il n’y avait qu’elle pour transformer ainsi le gravier en guimauve.
- Depuis plusieurs jours, Adrien avait perdu le sommeil. Il le chercha à bien des endroits, souleva des coussins, fouilla sous les meubles, tria ses affaires, sans succès, le repos s’était tiré…