
De Negar Djavadi
ISBN : 978 28674 683 45
Éditeur : LIANA LÉVI (25/08/2016)
Ma cote: 8 / 10
Mon billet:
« Désorientale » de Négar Djavadi est, à plus d’un égard, un livre déroutant mais envoûtant !
L’auteure, née dans une famille d’intellectuels opposants au Shah puis à Khomeny sait de quoi elle parle. Arrivée en France, dans la clandestinité, elle est du monde sans trop bien savoir de quels pays.
L’Iran, celui dont lui parle les européens, elle ne le reconnait pas. Son Iran, c’est celui qui est encore marqué de la Perse, avec sa culture, sa richesse intellectuelle, son pragmatisme quotidien et ses coutumes ancestrales qui sont parfois incompréhensible pour les occidentaux que nous somme sans, pour autant, être dénudées de sagesse, en tous cas de racines. Cet Iran qu’elle a connu enfant et qu’elle a vu se perdre dans plus d’une décennie de guerres, de révolutions, d’espérances, de désillusions et de promesses non tenues, elle ne le reconnaît pas plus comme le sien. Elle fera même tout pour le perdre, le chasser de son esprit. Elle doit refaire sa vie!
Mais aujourd’hui, elle est en France. Elle attend une consultation gynécologique dans un centre d’insémination, avec ses rêves mais aussi le regard des autres qui pèse sur elle, elle qui est seule, non accompagnée d’un homme, son homme! Elle plonge en elle-même et relit sa vie, celle de trois générations de Sadr qui, quoi qu’elle en dise, le veuille ou pas, ont fait d’elle ce qu’elle est. Par éducation ancestrale, par ouverture intellectuelle ou pas opposition à son milieu d’origine, Kimiâ n’est plus une enfant. Elle est devenue femme, femme en âge d’enfanter. Mais peut-elle l’être en restant iranienne?
Néjar Djavadi nous brosse une magnifique toile de ce passage de la Perse à l’Iran, de l’Iran de Téhéran et de celui qu’on croit connaître ici. L’écart est grand. le choc puissant. Il y a de quoi est désorienté et pour les migrantes comme elles, il y a un travail de désorientalisation à poursuivre. Pour vivre chez nous, la femme doit devenir une ‘désorientale‘ ! Est-ce juste? … On peut échanger sur ce sujet mais, peu importe, l’essentiel de ce livre est de nous ouvrir à la réflexion, nous ouvrir à l’autre et tâcher de le comprendre … J’ai beaucoup aimé ce livre. A partager, sans retenue!
Citations:
- L’existence est ainsi faite que même au fin fond du drame il y a toujours une petite place pour l’absurde.
- Je suis devenue, comme sans doute tous ceux qui ont quitté leur pays, une autre. Un être qui s’est traduit dans d’autres codes culturels. D’abord pour survivre, puis pour dépasser la survie et se forger un avenir. Et comme il est généralement admis que quelque chose se perd dans la traduction, il n’est pas surprenant que nous ayons désappris, du moins partiellement, ce que nous étions, pour faire de la place à ce que nous sommes devenus.
- Nous portons en nous un mécanisme de défense, un génie de survie, qui nous permet de prendre part au quotidien malgré l’horreur qui nous entoure. Il suffit de le mettre en marche et d’y croire.
Ce qu’en dit l’éditeur:
Si nous étions en Iran, cette salle d’attente d’hôpital ressemblerait à un caravansérail, songe Kimiâ. Un joyeux foutoir où s’enchaînerait bavardages, confidences et anecdotes en cascade. Née à Téhéran, exilée à Paris depuis ses dix ans, Kimiâ a toujours essayé de tenir à distance son pays, sa culture, sa famille. Mais les djinns échappés du passé la rattrapent pour faire défiler l’étourdissant diaporama de l’histoire des Sadr sur trois générations : les tribulations des ancêtres, une décennie de révolution politique, les chemins de traverse de l’adolescence, l’ivresse du rock, le sourire voyou d’une bassiste blonde …
Une fresque flamboyante sur la mémoire et l’identité ; un grand roman sur l’Iran d’hier et la France d’aujourd’hui.
A propos de l’autrice:
Nationalité : France
Né(e) à : Iran , 1969
Biographie :
Négar Djadadi naît en Iran en 1969 dans une famille d’intellectuels, opposants au régime du Shah puis de Khomeiny. Elle arrive en France à l’âge de onze ans après avoir traversé les montagnes du Kurdistan à cheval avec sa mère et sa soeur.
Diplômée de l’INSAS, une école de cinéma bruxelloise, elle travaille quelques années derrière la caméra. Elle est aujourd’hui scénariste, aussi bien de documentaires que de séries, et vit à Paris.
« Désorientale » est son premier roman.