Ce qu’en dit l’éditeur:
Serait-il possible de décrypter les algorithmes de l’amour? Peut-être les tentaculaires compagnies de l’Internet y parviendront-elles un jour? Elles sauraient, alors, dire si deux personnes sont vraiment faites pour être ensemble. Et si l’immortalité nous était offerte, quelle trajectoire serions-nous amenés à suivre? Sans doute la route vers les étoiles s’ouvrirait-elle à nous? D’immenses vaisseaux se dirigeraient vers 61 Virginis pour y trouver… quoi? Mais les plus beaux des voyages sont peut-être ceux que l’on fait grâce à la mémoire, à l’aide de jouets nés des mains et de l’amour d’une mère: une merveilleuse ménagerie de papier.
Ce recueil de dix-neuf nouvelles, récompensé par le Grand Prix de l’Imaginaire en 2016, révèle le talent d’un auteur avec lequel il faudra compter à l’avenir. Abordant indifféremment la science-fiction ou la fantasy, Ken LIU a réussi un triplé historique pour le texte qui donne titre à ce recueil: Prix Hugo, Prix Nebula et World Fantasy Award.
Ma cote: 8/10
Mon avis:
Ken LIU est un auteur de fictions qui refuse de se laisser enfermer dans des catégories telles que science-fiction fantastique ou fantasy. Pour plus d’informations, vous pouvez, par exemple, suivre le lien: angelaurellectures.wordpress.com qui se penche sur les différences entre ces appellations (peu) contrôlées.
Ken LIU est intéressant, à mes yeux, parce que la fiction qu’il invente est en lien direct avec notre présent, son évolution vers un avenir, toujours incertain ou avec un passé qu’on ne peut nier sous peine de ne plus être de notre temps. Ses descriptions de mondes imaginaires nous renvoient automatiquement à notre monde et aux questions qu’il suscite.
A ce titre, ce recueil de 19 nouvelles de l’auteur est intéressant. Avec, le plus souvent, une écriture poétique, imagée, il invite à porter notre réflexion sur les liens interpersonnels qui sont les nôtres, l’attachement intra-familial, les dangers de croire à la pré-détermination, les forces et faiblesses du langage… Bien plus que de nous emmener vers un ailleurs fictif, rêvé ou fabriqué, Ken LIU nous ramène à nous-mêmes, à nos fondamentaux, à ce qui constitue notre socle, nos raisons d’être ou à celles d’y revenir. Sous le couvert des fictions qui s’interdisent toutes injonctions quant à la manière de vivre, Ken LIU nous redit la nécessité d’aiguiser sur un regard lucide et notre pouvoir de décider de devenir ce que nous voudrions vraiment être.
Comme tout recueil, « La ménagerie de papier » comporte des pépites, de vrais petits bijoux et d’autres nouvelles qui n’assurent pas le même pouvoir d’accroche, la même puissance à nous émouvoir. On s’en doute, la nouvelle qui donne son nom au recueil est particulièrement touchante. Elle m’a vibrer à l’unisson de son auteur. Mais, même avec des inégalités d’intérêt, ouvrir ce livre, y plonger avec une disponibilité inconditionnelle à se laisser toucher est un vrai plaisir… ne vous en privez pas!
Citations:
*Avec le temps, je finis par comprendre qu’Emma trouvait les mots inutiles, en général. Ils n’étaient que les ombres des pensées elles-mêmes fuyantes, insaisissables et irréelles.
* La plupart des questions sont inutiles. Soit les réponses sont des mensonges, soit on ne veut pas les croire.
* Parfois on sollicite le pardon sans savoir qu’on le cherche, et le monde nous l’accorde quand même.
* Quand on leur fait un superbe cadeau, certains ne peuvent s’empêcher de se demander pourquoi le papier d’emballage n’est pas de leur couleur préférée.
A propos de l’auteur:
Ken LIU naît en Chine, à Lanzhou, en 1976. Il émigre aux Etats-Unis à l’âge de onze ans. Il a publié plus de cent vingt nouvelles et a été récompensé par la totalité des plus grands prix dédiés à la sciences-fiction et à la fantasy. Egalement traducteur, Ken LIU vit dans la région de Boston.
Ken LIU a notamment publié deux romans: L’homme qui mit fin à son histoire (Le bélial, 2011) et Le regard (Le bélial, 2017)
Les nouvelles publiées sont nombreuses: La ménagerie de papier (Le bélial, 2015), Le Littéromancien (2013), Simulacre (2013), Le Démon de Maxwell (2013), Mono no Aware (2013), Le Fardeau (2017), Une brève histoire du tunnel transpacifique (2016), chaussures de course (2015), Long-courrier (2015). (source WIKIPEDIA)
Les références:
Éditeur : GALLIMARD (05/10/2017)