De Laurent Petitmangin

Editions : La manufacture des livres (01/03/2021)

EAN : 9782358876797

200 pages

Ma cote : 8 / 10

Ma chronique :

Ce livre, je l’ai aimé de sa première page à la dernière. Surtout la dernière parce qu’elle ouvre un avenir. Elle dégage l’horizon, nettoie le ciel obscur du poids de la culpabilité, de l’apathie apparente, le manque de tonicité dans les réactions qu’on se dit, après, qu’on aurait dû avoir. Oui, ce livre est l’histoire d’une vie de famille ratée, meurtrie par la malchance, le manque d’envergure, l’impossibilité pour un père et ses deux enfants de naviguer à contrevent, face aux aléas destructeurs de la maladie, de la souffrance et de la destinée que la mort impose à une maman et à la famille qui fera tout comme il faut mais qui perdra tout de même son combat.

Ce livre est un livre triste, pas larmoyant. Il offre un combat sans espoir mais s’ouvre à l’espérance. Il tisse des liens entre ceux qui restent même s’il détricote la vie de chacun. Ce livre, en fait, est un livre de silences, de paroles tues, perdues au gré des jours qui s’enfilent sur le temps et s’enlisent dans le sable mouvant qui grippe toute relation humaine.

L’auteur, Laurent Petitmangin, est maître d’une plume qui décrit la vie sans juger les acteurs. Est-ce que son écriture est belle, flamboyante ? Non, pas vraiment ! Addictive ? Non plus. A de nombreux endroits, j’ai eu envie de poser le livre, jamais pour l’abandonner, plutôt pour le réfléchir. Me suis-je reconnu dans cette histoire, ce mode de vie, ce climat social ? Non, aucune identification. Seulement un sentiment de tristesse face à ce terrifiant manque de moyens d’expression pour qu’un père puisse dire à ses fils et ces fils à leur père qu’il s’aiment.

Et donc l’auteur et son écriture se mettent parfaitement au service du message à distiller au travers de ces 200 pages. Oui, grâce à Laurent Petitmangin, on pourra ne jamais oublier ce qu’il faut de nuit pour pouvoir enfin dire un jour que la vie est belle !

Ce qu’en dit l’éditeur :

C’est l’histoire d’un père qui élève seul ses deux fils. Les années passent et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l’importance à leurs yeux, ceux qu’ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C’est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes.
Laurent Petitmangin, dans ce premier roman fulgurant, dénoue avec une sensibilité et une finesse infinies le fil des destinées d’hommes en devenir.

Citations :

  • J’avais finalement compris que la vie de Fus avait basculé sur un rien. Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n’étaient qu’accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies étaient remplies de cette foultitude de riens, qui selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards.
  • Pourtant ma colère passait. Je le savais, mais je ne voulais pas l’entendre. Je discutais le soir avec la moman. Elle nous voyait moi et son grand hanter la maison, mais je ne l’entendais pas me demander de passer l’éponge, vraiment pas. J’aurais changé, sinon. Comme moi, elle n’arrivait pas à s’en dépêtrer. Comme moi, sa colère s’éteignait, mais pas sa honte » ….
  • Putain, il était où le militant facho sûr de son fait ? Je ne voyais qu’un pauvre type, comme moi, tout aussi décontenancé. « On est bien rendus, hein, avec leurs conneries », qu’il m’avait dit. Et les conneries, dans sa bouche – je ne crois pas me tromper en le disant –, ce n’étaient pas celles de nos enfants, surtout pas, c’était quelque chose de bien plus haut, de plus insaisissable, qui nous dépassait et dans les grandes largeurs encore. À la limite, c’étaient nos conneries à nous, tout ce qu’on avait fait et peut-être, en premier lieu, tout ce qu’on n’avait pas fait. 
  • Le procès faisait grand bruit, mais ça ne restait pour les gens qu’un fait divers. Qu’ils oublieraient d’ici quelques jours, s’ils ne l’avaient déjà fait. On n’était que quelques-uns à en être frappés jusqu’à la mort.

A propos de l’auteur :

Laurent Petitmangin est né en 1965 en Lorraine au sein d’une famille de cheminots. Il passe ses vingt premières années à Metz, puis quitte sa ville natale pour poursuivre des études supérieures à Lyon. Il rentre chez Air France, société pour laquelle il travaille encore aujourd’hui. Grand lecteur, il écrit depuis une dizaine d’années. Ce qu’il faut de nuit est son premier roman.

5 commentaires sur « Ce qu’il faut de nuit »

    1. Merci Madame lit. Ce livre a vraiment souligné en moi l’importance de garder une communication entre les êtres, surtout quand la souffrance veut s’insinuer dans nos vies. Ne pas croire que celle-ci nous divise, croire plutôt qu’elle peut nous unir davantage. Et l’importance de donner à os petits, dès leur plus jeune âge, des mots et des gestes pour rester n communication!

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