
de Liane Moriarty
ISBN: 9782253259732
Traduction de l’anglais (Australie): Sabine Porte
Ma cote: 2/10
Ma chronique:
Un peu, beaucoup, à la folie …
Avec ce troisième roman traduit en français, Liane Moriarty, nous plombe des heures de lectures. « Un peu, beaucoup, à la folie » se révèle être un paquet de 600 pages ou tout et rien n’est dit en temps opportun.
Je m’explique. M’inviter à ouvrir un roman pour y découvrir ce qui a bien pu se passer le jour du barbecue doit être l’occasion de me présenter des faits et des personnages qui ont du corps et qui font que ce BBQ entre voisins sensés se connaître, s’apprécier et s’aimer est un temps unique, un pivot pour l’existence.
Or, ici, le lecteur se traîne durant des centaines de pages à distiller des redondances aussi inutiles qu’encombrantes. Cette absence d’un vrai nouveau roman, d’une vraie nouvelle et autre histoire relève d’un machiavélisme éditorial malsain. Pondre des pages et des pages et emprisonner le lecteur dans une addiction qui mise sur sa fierté. Comment pourrait-il, sans perdre la face, abandonner ce trop-plein de rien alors qu’il lui a déjà consacré tellement d’heure de lecture à y chercher une ébauche de consistance?
Si ce manque d’un réel contenu ne relève pas de ce mercantilisme rédactionnel, alors c’est qu’il traduit cet autre mécanisme bien connu qui fait que quand on veut cacher qu’on n’a rien à dire, la solution est de proliférer en mots et phrases vides ou, pire, reprises à des opus antérieurs. Diarrhée de mots pour constipation d’idées!
C’est la très nette impression que j’ai eue. J’avais aimé découvrir, dans « Secret du mari » et « Petits secrets, grands mensonges », une fraîcheur, une inventivité dans la manière de décrire les banalités mesquines du genre humain, je n’ai retrouvé, cette fois-ci, que la banalité des relations entre les trois couples voisins. Plus de fraîcheur, plus d’inventivité, plus d’éclat nouveau dans le regard de l’autrice. Ce « Un peu, beaucoup, à la folie » est, me semble-t-il, quasi superposable à « Petits secrets et grands mensonges ». On y trouve les mêmes archétypes de personnages, cette fois situés en banlieue middle class autour d’un BBQ se prétendant accueillant. A griller, une brochette de couples où les femmes sont des vraies fausses amies rivales et complices et où les hommes sont les boules miroirs réfléchissant les étincelles qui jaillissent du feu de ces amitiés chaleureuses, destructrices, recherchées ou contrariées. Chacun y a sa part d’ombre, ses petits secrets et mensonges… Rien de bien neuf sous la plume de Moriarty!
J’aurais tant aimé qu’elle arrive à me convaincre en racontant la même histoire en 300 pages, max! Plutôt que d’être un alambic distillant du goutte à goutte au fil des heures, qu’elle soit la caricaturiste capable de faire surgir le coeur, le moteur et l’âme du livre en quelques coups de plume seulement!
J’attendais un surgissement, un jaillissement d’idées nouvelles, je me suis ennuyé à perdre mon temps dans un fatras de détails, de redites, de distracteurs inutiles. Mon esprit s’est envolé et s’est porté ailleurs. Mon coeur aussi.
La comptine est donc allée jusqu’au bout: Je t’aime, un peu, beaucoup, à la folie… PAS DU TOUT!
Ce qu’en dit l’éditeur:
Trois couples épanouis. De charmants enfants. Une amitié solide. Et un barbecue entre voisins par un beau dimanche ensoleillé : tous les ingrédients sont réunis pour passer un bon moment. Alors, pourquoi, deux mois plus tard, les invités ne cessent-ils de se répéter : « si seulement nous n’y étions pas allés » ?
Après le succès du Secret du mari, traduit dans 55 pays, et de Petits secrets, grands mensonges, adapté par HBO, Liane Moriarty continue de dévoiler la noirceur qui rôde sous les vies ordinaires et nous plonge au coeur des redoutables petits mensonges et des inavouables secrets de l’âme humaine… Fin, décapant, et jubilatoire.