
Par Nathalie AZOULAI
ISBN : 9782818036208
Éditeur : P.O.L. (20/08/2015)
Ma cote: 6/1O
Ma critique:
‘Titus n’aimait pas Bérénice‘, un roman signé AZOULAI Nathalie (2015) qui ne laisse pas indifférent…
Il y a dans ce livre des coups de génie en écritures et des scories qui alourdissent sans rien apporter.
L’appellation Jean, qui ne sera jamais nommé Racine (de même que Nicolas pour Boileau) et le manque quasi total de temporalité marquée font de ce récit un livre d’une étonnante actualité.
Histoire d’un étudiant douté, avide de reconnaissance, intriguant, pétri de jalousie et de cruauté, tant envers lui-même que ses adversaires ou ses comédiens. Conflits entre le religieux et la laïcité de l’Etat, guerres de pouvoirs, d’influence, narcissisme … Tout est reflet de la condition humaine qui n’est pas étrangère au soucis de performance actuels et au coups bas que se donnent, dans la dignité, tant de vedettes dans les disciplines culturelles, économiques, scientifiques et politiques de nos jours. On entre donc facilement dans ce récit.
Pourtant, le parallèle mené, par trois fois dans le récit, avec une Bérénice contemporaine et un Titus qui l’a abandonnée n’amène rien, si ce n’est de la confusion inutile. A moins de considérer que l’idée de l’auteur est d’en typer une Bérénice si nulle qu’elle serve de faire-valoir aux Bérénice et Titus sortis de la plume de Racine. Mais même si cela est le cas, c’est lourd, maladroit et inutile.
Car l’intérêt du livre est la connaissance historique du chemin d’écriture de Racine et de quelques uns de ses contemporains. Je dois cependant avouer être resté sur ma faim et avoir préféré le William (Shakespeare), ses états amoureux et de l’évolution du théâtre anglais, bien plus magnifiquement contés, selon moi, par Anne CUNEO dans son roman « »Objets de splendeur » (Ed. Bernard Campiche, 1996) (ma critique du 9 juin 2015)
Il reste que Titus n’aimait pas Bérénice est un livre qui a le mérite de surfer sur un thème actuel, classique: ‘La rupture, la séparation douloureuse’ … et qui le fait en liaison constante avec la ‘littérature classique’ , donnant à celle-ci d’apparaître sous un jour nouveau!
Citations:
- Il n’a qu’une ambition, celle de composer des vers qui plaisent et qui restent. A l’idée de naissance ou de providence, il doit résolument substituer celle de carrière. Le verbe plaire entre dans son vocabulaire.
- On dit qu’il faut un an pour se remettre d’un chagrin d’amour. On dit aussi des tas d’autres choses dont la banalité finit par émousser la vérité.
- …la vie n’est vraiment pas ce que l’on croit.
Je suis d’accord, ce parallèle rend la lecture confuse ! Après, je trouve qu’on ne sait pas dans quoi on se lance quand on commence ce livre. C’est bel et bien une biographie… je ne l’avais pas tellement apprécié lorsque je l’avais lu pendant ma participation au Goncourt des Lycéens mais j’aime bien votre critique 😉
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