Ma cote: 8/10
Mon avis:
Le monde selon Britt-Marie est un de ces petits opuscules qui vous tapent sur les nerfs les quelques premiers chapitres et vous ravissent par la suite.
Comment, en effet, le personnage de Britt-Marie peut-il être aussi empoté, lunaire, maniaque, coincé et incapable d’avoir une communication simple, ouverte et respectueuse de tout un chacun ? Pourtant, c’est bien le respect de l’autre qui mène Britt-Marie, 63 ans, à la porte d’un pôle-emploi pour trouver un job. Rendez-vous compte, sa peur est de mourir seule, dans sa cuisine et de n’être découverte qu’une fois l’odeur de décomposition devenue insupportable pour le voisinage… Ce ne serait pas correct pour les voisins ! Alors, elle qui a passé toute sa vie au service d’un mari qui a décidé d’aller voir ailleurs, elle s’est dit qu’il lui fallait trouver du travail. En effet, quand on travaille, si on s’absente, ne vient pas au boulot, les autres, patron ou travailleurs s’inquiètent, téléphonent, prennent des nouvelles. Sans réponse, ils viennent au domicile, cherche à entrer, forcent la porte si nécessaire … le tout avant toute odeur pestilentielle ! Britt-Marie est pragmatique, maniaque, irritante mais elle a le sens des convenances, du propre sur elle et autour d’elle. D’ailleurs, elle passe ses journées, ses colères, ses frustrations, ses envies en faisant le ménage, les carreaux, l’entretien des jardinières de son balcon !
Le ton est donné ! Britt-Marie est bourrée de cicatrices imposées par la vie mais elle continue à vouloir donner à cette dernière un sens, ce qui très vite donne au lecteur l’envie de la suivre, de vivre ses combats, de tâcher de comprendre ses engagements et ceux des personnes qu’elle côtoie, souvent autant si pas plus déjantées qu’elle.
La voilà donc parachutée par le pôle-emploi à Borg, un village de nulle part, le long d’une route qui va d’un côté ou de l’autre mais où plus personne ne s’arrête. Britt-Marie va se reconstruire, se réveiller et faire revivre un village en acceptant, sans même s’en rendre compte, le rôle de coach de l’équipe de foot qui joue sans terrain, avec des buts en forme de canettes et un éclairage produit par les phares de deux voitures complaisantes. On n’est nulle part, dans ce trou perdu, mais avec Britt-Marie, on y est bien !
L’écriture de Fredrik Backman, au début, agace. Hachée, serrée, avec des phrases à peine balancées, elle semble répétitive et inapte à faire avancer le récit. Erreur ! L’écriture s’adapte parfaitement au caractère disloqué, fantasque de Britt-Marie et de son entourage. Elle en souligne les faiblesses tout en laissant deviner les promesses de tendresse, d’attention, de soucis de l’autre dont Britt-Marie va faire preuve tout au long de ce récit. On y rencontre la bêtise humaine, le fol espoir d’une jeunesse qui veut y croire, la sollicitude, parfois bien cachée, des gens d’un pays pour qui n’en est pas mais pourtant y prend sa place. Un roman de la vie, celle que d’aucuns déclarent ‘petite’ et qui pourtant est noble, belle et pleine de sens.
« Le monde selon Britt-Marie, un roman tendresse, sans mièvrerie ! »
Fredrik BACKMAN, une plume à suivre ! Merci à NetGalley et aux éditions Fayard pour cette découverte.
Ce qu’en dit l’éditeur:
Britt-Marie, 63 ans, n’est absolument pas passive-agressive. C’est juste que la crasse, les griffures et les tiroirs à couverts rangés n’importe comment la font hurler intérieurement. Elle sort tout juste d’un mariage et d’une vie de femme au foyer qui ont duré quarante
ans, et le seul travail qu’elle ait pu dégoter la conduit à Borg, un village frappé par la crise qui s’étire le long d’une route où tout est fermé, en dehors d’une pizzeria qui empeste la bière. Britt-Marie déteste le football, or il ne reste rien d’autre à Borg. Voilà qui ne présage pas grand-chose de bon.
Mais quand les enfants de l’équipe du village ont si désespérément besoin d’un coach qu’ils sont prêts à confier le boulot à n’importe qui, que Britt-Marie ne soit ni compétente, ni volontaire n’empêche personne de la recruter! Et quand, sur ces entrefaites, Britt-Marie accepte l’invitation à dîner d’un policier et se fracture la main dans un solarium, elle ne peut plus faire machine arrière.
Le monde selon Britt-Marie est une histoire et une déclaration d’amour. Sur une femme qui a attendu toute une vie que la sienne commence enfin, et sur les villages le long de routes, dans lesquels c’est au football et aux pizzerias que l’on renonce en dernier.
Citations:
- Normalement, c’est toujours Kent qui pousse le caddie et Britt-Marie avance à son côté en posant la main dessus. Pas pour le diriger, mais parce qu’elle aime toucher ce que Kent tient aussi. Pour avoir le sentiment qu’ils avancent dans la même direction.
- Si une personne serre les paupières assez fort et assez longtemps, elle peut se rappeler toutes les fois de sa vie où elle a fait un choix uniquement pour elle. Et, peut-être, s’apercevoir que ça n’est jamais arrivé.
- On aime le football parce que c’est instinctif. Quand un ballon roule vers nous dans la rue, on tape dedans. On l’aime pour la même raison qu’on tombe amoureux. Parce qu’on ne peut pas s’en empêcher.
- Tellement radin qu’il pleure quand il lâche un pet.
A propos de l’auteur: [source: www.lisez.com]
Né à Stockholm en 1981, Fredrik Backman enchaîne les petits boulots avant de devenir journaliste. En 2012, il publie son premier roman, Vieux, râleur et suicidaire – La vie selon Ove, qui remporte un succès retentissant en Suède, avec plus de 500 000 exemplaires vendus en un an. Actuellement en cours de publication dans une douzaine de pays, cette nouvelle comédie qui vient du froid place d’emblée son auteur parmi les écrivains suédois sur lesquels il faut compter.
Il est aussi l’auteur de « Ma grand-mère vous passe le bonjour » (Elsa a 7 ans, mais les adultes raisonnables disent qu’elle est « très mature ». Mamie a 77 ans et les adultes raisonnables disent qu’elle est déjantée. Mais Elsa sait qu’en réalité Mamie est un génie. Elle est son super-héros indocile, capable de toutes les bêtises et de toutes les fantaisies créant pour sa petite-fille le plus fantasque des mondes…)
A vec « Le monde selon Britt-Marie », il semble évident que l’humour, sur fond de vérité, et la da dérision sont des marques, une marque significatives de cet auteur!
Les références:
Éditeur : FAYARD/MAZARINE (28/03/2018)
J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers. Au plaisir
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