De Hortense Dufour

Les références:

ISBN : 978 2258 144 787
Éditeur : LES PRESSES DE LA CITE (03/05/2018)

Ma cote: 8/10

Mon avis:

Avec le « Le jeune homme sous l’acacia », publié aux Presses de la Cité dans la collection Terres de France, Hortense DUFOUR signe un roman social autant qu’un roman d’amour construit sur un désamour mortifère.

Le personnage central est-il vraiment ce jeune homme sous l’acacia, ce Michel dit Bel Ange ? Probablement… mais sa tante Ludivine, le Père Thomas, son géniteur ou Rose, sa logeuse ont aussi chacun un rôle déterminant dans la construction ambivalente de ce jeune enfant, gamin, adolescent, adulte en devenir ? A cause de qui et grâce à qui pourra-t-il peut-être un jour, tel Pégase, s’envoler vers un ailleurs ?

Le point d’appui du roman pourrait être le Temps.  Ce temps nécessaire pour advenir !  Ce Temps qui, en maître, prend son temps pour permettre aux besogneux de gagner leurs terres sur le marais, de monter leurs chaumières, leurs bâtisses, leur domaine agricole. Et puis, ce même Temps, sans état d’âme, qui leur fera tout perdre sous le temps des envahisseurs, des maîtres et seigneurs, des bourrasques et tempêtes de la météo ou de la vie. Temps destructeur auquel la ruralité ne peut que se plier et attendre, avec force, rage et courage le temps fécond où elle pourra à nouveau ne courber que le dos pour cultiver la terre et progressivement élever le hameau et la position sociale occupée en son sein. Hortense DUFOUR excelle à faire vivre les faits et gestes des habitants du Hameau, les croyances et dictons de cette population agricole, leurs paroles et, plus encore, leurs silences.

Un autre ancrage est celui de la qualité des liens familiaux. Parentalité et filiation, assurées ou non, qui engendreront l’amour, la reconnaissance, l’épanouissement ou le désamour, le rejet, l’abandon, et la fuite. « Le jeune homme sous l’acacia », buvard sensible, s’imprégnera de toutes les forces de sa Tata Didine-Divine et de la négation absolue offerte par ses géniteurs. Là aussi, l’auteure sait comment conter les paroles, les regards, les pensées mêmes qui tuent ou qui sauvent.

Et puis, pour assurer la stabilité de l’ensemble, il y aura le dessin, le coup de crayon de Bel Ange qui croquera chaque personnage rencontré, chaque trait de caractère, chaque pensée limpide ou sournoise. Didine-divine sera fleur, douceur, amour et don total. Rose trouvera sa place auprès d’elle. Mais, à côté de celles dont il a reconnu la bonté et le besoin d’être libérées des entraves de l’existence, c’est sans complaisance aucune qu’il croquera ses géniteurs, sa famille et tous les parasites qui gravitent autour de lui et obscurcissent l’existence. Ces hommes, ces femmes aux sentiments mesquins, sournois, assoiffés de pouvoir, trempés de fourberies, il leur donnera vie à travers ses albums de bestiaires.  Autant de regards vitriolés de sa part sur l’étroitesse humaine. Une fois encore, Hortense DUFOUR maîtrise avec brio la description de ces croquis et des sentiments qu’ils traduisent.

Mais la question reste posée : Dans sa manière de vivre, de dessiner, de parler ou de se taire, d’aller à la rencontre de l’autre ou de fuir, Bel Ange est-il lucide sur l’âme humaine ou assoiffé de vengeance ? Toute l’ambivalence de son personnage est là. Avec lui, sans doute, le lecteur se demandera jusqu’où il est possible de pardonner, d’aimer.

L’agréable lecture de ce roman riche en réflexions, je la dois à l’organisation du Challenge NetGalley, France et à la complicité des éditions Presses de la cité. Merci à eux !  

Ce qu’en dit l’éditeur:

Tout commence dans un hameau au cœur des marais charentais au sein d’une famille d’agriculteurs aisés. La naissance tardive du benjamin, Michel, d’une beauté d’archange, va briser l’apparente harmonie des choses, des lieux, des êtres…
Loin, loin du hameau. Loin.
Là où il naîtrait à part entière.
Cet enfant si beau, si singulier, a semé le trouble dans cette famille de propriétaires terriens. Le malheur d’être né trop tard…. Pendant son enfance, Michel, baptisé  » Bel Ange  » par Tante Didine, ne connaîtra l’affection, la douceur, la poésie des choses qu’auprès d’elle ; et le bonheur à l’ombre d’un acacia où il s’adonne à sa passion du dessin. Plus tard, il rompt avec le hameau pour suivre ses études près de La Rochelle. Un  » nouveau monde « . Là, il habite chez Rose, une vieille dame adorable, éprouvée par la vie, malmenée par son entourage. Comme Didine… Alors Bel Ange, par son esprit rebelle, son inclination pour les plus fragiles, son insolente jeunesse, va bousculer l’ordre des choses. Et faire souffler un vent de liberté dans l’existence de celle qui est devenue sa protégée…

A propos de l’auteure:

 [Source: https://www.laprocure.com/biographies/Dufour-Hortense ]

Hortense Dufour est née à Marennes en Charente Maritime où son père était magistrat et a suivi sa famille aux Comores et à Madagascar où il a ensuite été nommé. D’où ce goût de la mer, des îles, de l’aventure qui ne l’a jamais quittée. Elle dévore les livres depuis l’enfance, et sans surprise met en tête de ses auteurs préférés Pierre Loti né tout près de Marennes à Rochefort et possédé par la passion de la mer, suivi par Colette la femme libre. Après le bac, elle se lance dans une licence de lettres modernes à la Sorbonne puis travaille dans les services administratifs de l’université avant de décider d’écrire. Trois romans d’abord, La femme buissonnièreLa dernière femme de Barbe-Bleue et La Marie-MarraineGrand prix des lectrices de Elle qui lui apporte la notoriété avant d’être adapté au cinéma. Elle situe plusieurs romans dans son pays natal, Le bouchotprix de l’Académie de SaintongeLa fille du saunierMédaille ChardonneLe bois des abeillesprix des mouettes de Charente Maritime. Elle tient à alterner le monde de l’imaginaire et celui de la biographie. Elle choisit dans l’histoire ou la littérature de préférence des personnages de femmes libres, Cléopâtre la fataleJeanne d’Arc la chanson et la gesteMargot la reine rebelleMarie StuartMarie Antoinette la mal aiméeSissi. Les forces du destin et parmi les écrivains, George Sand la somnambuleColette la vagabonde et La comtesse de Ségur. Elle a appartenu au comité de lecture des éditions Laffont et écrit nombre d’articles pour Bayard Presse.

Dans sa bibliographie, deux romans que je souhaite lire: Port-des-vents (Presses de laa Cité, mai2017): Dans le village charentais de pêcheurs de Port-des-Vents, les hommes de la famille étant morts, Adèle vit entourée de femmes. Elena a pris de la distance avec elles mais revient tous les étés dans cette famille qui garde le souvenir de la passion vécue par Adrienne. ©Electre 2018

et Ces jours heureux, (Flamarrion, 2014): Ange et Julia sont des jumeaux nés pendant le bombardement de Royan en 1944. Leur mère, Louise, n’a pas de mari et la honte accompagne la naissance de ses enfants. Or, cette dernière ne peut plus supporter le poids du secret qu’elle garde et se consacre entièrement à Ange. Mais l’enfant n’aime que le mal. ©Electre 2018

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