
Par Carole Declercq
Roman
EAN : 9791097515331
215 pages
Éditeur : EDITIONS LA TRACE (01/01/2021)
Ma cote : 10/10
Ma chronique :
Un roman, un de plus diront certains, sur fond de migration. Mais quel roman ! J’ai partagé mon temps et lu de manière concomitante ‘On a tous un ami noir’ de François Gemenne et ‘Les enfants d’Ulysse’ de Carole Declercq. Le premier, un essai, brillamment construit, argumenté et référencé (voir ma chronique à son propos) remet en question toutes les fausses vérités et les visions aussi simplistes qu’haineuses très, trop à la mode en ces temps politique nauséeux. Le deuxième, sous la plume ferme mais délicate de Carole Declercq, nous raconte un voyage et une rencontre. Avec habileté, l’autrice propose des personnages parfaitement contemporains, empêtrés dans la fuite d’un pays, l’espérance folle de meilleures conditions de vie, la fidélité à la parole donnée, la nécessité de se méfier de tout le monde et la richesse d’oser donner sa confiance à une inconnue. C’est d’une justesse éblouissante et cette épopée interroge sans cesse les valeurs du lecteur.
Ils sont deux à avoir fui l’Afghanistan. Feriel, adolescent encore et Hamza, sa jeune sœur. Leur rêve, rejoindre, un jour, le frère aîné qui vit en Autriche. Mais le camp à Idomeni où ils étaient parqués a été démantelé. Comme bien d’autres, ils se sont évanouis dans la nature, croyant davantage à leur courage et leur audace qu’aux promesses faites par des gouvernements pour qui la migration n’est que problèmes, toujours une crise à gérer plutôt que des rencontres à promouvoir ! Ils entament un périple à travers l’Europe. C’est en Grèce qu’ils découvriront un personnage étrange, vieille femme seule, montagnarde au pied sûr et à la confiance encore plus affermie. Elliniki, elle-même fille d’immigrés au sein d’un même territoire qui n’a cessé de changer de patrie, est à l’âge où l’avenir ne peut exister qu’à travers les générations plus jeunes qu’elle. Et bien que réputée sorcière, elle a en abondance des richesses morales, mentales et humaines à partager ! Elle n’hésitera pas à transgresser l’ordre établi et gagnera son pari : construire une rencontre porteuse de vie et d’espoir.
Les enfants d’Ulysse, se cachant à peine derrière l’épopée mythique qui nous vient de la Grèce antique, nous révèle un périple aux mille dangers, un combat actuel, vrai de tous les temps, et dans lequel l’être peut se révéler humain ou simplement prédateur. Une histoire d’amitié, de confiance, d’espérance à construire dans l’isolement puis dans la collectivité. Une belle histoire à mûrir et méditer !
L‘écriture de Carole Declercq est sensible, tranchante mais jamais agressive. Elle porte un message comme la vague porte un cri de désespoir jeté dans un océan de tristesse et d’aberration. Et la mer est notre Terre. A chacun de se situer face à ces mouvements migratoires qui ont toujours existés et existeront toujours, même si on bâtit des murs, des camps et des miradors.
Je ne peux que recommander vivement ce livre et la réflexion sur ce thème.
Ce qu’en dit l’éditeur :
Après l’effroyable démantèlement du camp d’Idomeni, en Macédoine, beaucoup de jeunes ont disparu dans la nature.
Feriel, une petite fille afghane qui tente de rejoindre l’Autriche avec son frère en est un douloureux exemple. Mais une rencontre, un partage avec Elliniki, une très vieille dame qui vit recluse dans le sauvage massif du Paiko changera le cours d’une histoire tragique. Si différents mais pas indifférents …
Il y a déjà un moment que je veux le lire…et je le lirai. Je garde donc ta chronique au chaud. Mais je vais essayer de la partager.
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Je ne peux que t’encourager à le lire. Pour ma part, j’ai lu en même temps un essai sur le phénomène migratoire et juste après un témoignage du modèle de Riace écrit par Mimmo Luccano (chronique à suivre). Les trois livres se complètent très bien.
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